Bricolage maison et les mêmes erreurs après 30 ans

Ce texte est plutôt une note à moi-même, mais elle peut servir à d’autres qui bricolent meubles et autres installations soi-même pour la maison, l’appartement, le jardin ou l’aménagement d’un camping-car. Pour bien placer le cadre, je fais ça depuis environ 30 ans, j’ai donc dépassé la cinquantaine. J’ai à mon actif en gros: deux cuisines (exceptés les portes), quatre lits lit superposés, divers rangements et l’amménagement d’un Renault Trafic en petit camping-car. J’ai une défonceuse, une scie sauteuse, une scie circulaire à main et une visseuse sans fil. Pas d’atelier dédié, donc pas d’établi pour des coupes bien droites etc. Je me limite en général à acheter le bois coupé aux bonnes dimensions. Je ne vernis le bois qu’exeptionellement.

Planches coupées et recoupées

Avec ces planches de bois commandées aux bonnes dimensions commencent les problèmes. Il y a des erreurs de mesure, des erreurs en recopiant, la legasthene qui inverse des chiffres, des changements de plan et des erreurs de coupe dont on ne se rend compte qu’à la maison. Le plus embêtant sont des planches sur- ou sous-dimensionnés de quelques fractions de millimètres. On peut certes corriger cela avec la défonceuse, encore faut il construire un guidage individuel à chaque coupe avec du bois de chute (car nous n’avons pas d’atelier équipé). Un guidage pas parfaitement placé et la défonceuse part en travers. Un guidage placé côté chute avec une inattention lors de la coupe et on entaille méchamment la pièce finale. Tout cela rend des assemblages boiteux et une porte aux angles bien droits ne ferme plus des corps aux montants rendus obliques par les planches horizontales de longueur légèrement différente.

Il est inutile de préciser que couper une planche à la défonceuse est long, fastidieux et très salissant. L’embout coupant chauffe aussi très vite, surtout dans du bois dur en multiples couches comme le bouleau (multiplex, wisaform). J’ai aussi une scie circulaire à main, mais celle-ci est encore plus difficile à guider de manière bien droite. La scie sauteuse ne permet de faire qui des coupes très approximatives ou très courtes.

Le facteur temps

Construire un petit meuble n’est pas un problème. Ce sont les grandes constructions ou les rénovations massives comme une cuisine entière ou un double lit superposé dans la chambre à coucher qui allonge massivement le facteur temps. On fait des plans avant commencer, ce sont des planches que l’on assemble et on réfléchit sommairement à la méthode d’asseblage (ordre et placement des vis). Le problème avec les grands meubles et la taille et surtout le poids des planches. Quand on travaille en bois dur sur un lit, les planches et les portes sous le lit tournent autour de 20 kilos. Il ne faut plus placer 15 vis comme pour un petit meuble, mais 300. Comme c’est du bois dur, il faut marquer et pré-forer les l’emplacement des vis, poncer les forages, corriger parfois et ainsi deux planches assemblées sur une longueur d’un mètre peuvent prendre 45 minutes.

En bossant ainsi, sachant que l’on a 25 planches à assembler par exemple, il est clair que le projet s’étale sur plus d’un jour. Et ce n’est que lors de l’asseblage que l’on se rend compte des erreurs de coupe mentionnés plus haut. Il faut alors refaire une planche aux bonnes dimensions, dans le pire des cas c’est retourner au magasin de bricolage ou au fournisseur en bois. Vu que l’on construit normalement bout à bout, il se peut que cela se reproduit plusieurs fois. Cela prend en gros une demie journée, même si le fournisseur n’est pas loin.

Quand on rénove toute une chambre, il faut aussi reboucher les trous et repeindre, cela inclut du temps de séchage. Cela prend au moins deux jours pendant que la chambre est totalement vide et inutilisable autrement. Cela signifie que d’autres chambres sont remplies outre mesure. Il est inutile d’ajouter que l’on peut rajouter du temps  de rebouchage de trous et de peinture après les travaux car on cognera forcément quelque part.

Le temps joue aussi sur les appareils sans fil dont surtout la visseuse sans fil. Elle lâche forcément en plein milieu et une pause café ne suffit en généralement pas pour recharger la pile. Il est bien de réserver pour ces cas des travaux avec des appareils branchées sur secteur ou pour racheter des planches erronées (voir plus haut).

Parmi le matériel se trouve aussi le type de vis. Il y a la forme (à têtes rondes qui restent en surface, d’autres qui s’enfoncent dans le bois tant qu’il soit mou. Avec la longueur se sont autant de variantes inévitables qui doivent être à disposition. Pour compliquer le tout, il y a aussi les formes des tournevis: plats, cruciformes et torx. Les plats n’existent quasiment plus et c’est très bien. Mais les cruciformes et les torx existent encore côte à côte dans les magasins de bricolage. Souvent il manquent des tailles torx alors que toute la panoplie en cruciforme existe. Or les vis torx sont vraiment à favoriser car on peut visser sans devoir forcer dans l’axe de la vis (tant que l’embout et la vis ne sont pas abîmes et qu’ils correspondent en taille). Je tente de n’utiliser plus que des vis torx, mais même dans mes dernières réalisations j’ai dû utiliser des vis cruciformes parce que je n’avais pas la bonne taille en torx. Il faut surtout les embouts 15, 20 et 25 en torx et il en faut en bon nombre car quand ces embouts sont usés, ils fonctionnent encore moins bien qu’un tournevis cruciforme usé.

Il y a aussi le facteur humain. Quand on commence à bosser à 8 heurs du matin on ne tient pas toute la journée si on n’a plus 20 ans et si on a un boulot de bureau à côté qui ne rend pas forcément apte à cet exercice physique intensif.

La météo peut aussi avoir des effets retardateurs. J’ai la chance de pouvoir faire toutes les parties générant de la sciure dans mon jardin, mais bien sûr pas quand il pleut, quand il neige ou qu’il vente trop. Une chambre repeinte séchera bien moins vite les jours de pluie en été qu’avec le chauffage et l’air sec de l’hiver.

En rassemblant tous ces facteurs temporels, on voit bien qu’un meuble moyen se compte en jours et le réaménagement ou la reconstruction de l’ameublement d’une chambre se compte en semaines si on inclut le vidage de la chambre et la réinstallation du contenu. Cela vaut en comptant une seule personne active.

Les erreurs d’appréciation et de technique

Ce type d’erreur est sans doute le plus grand consommateur de temps, d’argent et de nerfs. On a une idée, on fait un plan et en réalisant le projet, on se rend compte que tout ne va pas comme prévu. Jusqu’à là, aucun problème, on rachète et/ou on recommence un pièce, cela impacte bien sûr massivement le facteur temps.

Il y a des erreurs plus subtiles et plus difficiles à résoudre.

Par exemple caler un grand meuble dans le coin d’une chambre comme un double lit. On fait un meuble bien correct, un pavé droit parfait. Or, les murs de la chambre ne sont pas en angle droit parfait. Par exemple forer dans le mur et être dévié par une limite de brique d’un centimètre entier.

D’autres exemples:

  • préforer des trous dans du bois dur et décaler mètre à ruban d’une fraction de millimètre.
  • visser sans préforer et tomber sur une branche dans du bois mou qui fait dévier la vis.
  • visser sans vue et faire sortir la vis juste à côté de la planche de l’autre côté tout en abîmant celle-ci.
  • appliquer la fraise à arrondir sur toute une longueur alors que des parties devrait être omises.

Le bâclage

En fait, toute technique inadaptée est du bâclage. Utiliser une défonceuse sans table adaptée et avec des guidages fixés avec des pélicans mal serres est du bâclage. Visser sans vue en calant plus mal que bien les planches entre cuisses, le mur et le bras est du bâclage. Forer le bois avec des foret à métal est du bâclage. Toutes ces techniques mal adaptées impactent massivement les erreurs, rendent des pièces inutilisables ou moches, prennent un temps énorme et nous rendent insatisfaits.

Dans ce chapitre tombe aussi la réutilisation de bois de constructions antérieures. Non seulement il a souvent une autre couleur, il présente des trous et des angles poncés de manière différente, mais il y a aussi un autre facteur: le bois vieillit et durcit. Le bois mou de sapin frais devient dur et cassant après une vingtaine d’années dans le milieu sec d’un apparemment récent. On le place pour l’utiliser comme planche d’étagère d’un meuble et une seule vis éclate le bois.

Or, le bâclage, si tout va bien, peut être un gain de temps considérable. Le bâclage est nécessaire parce que l’amateur n’aura jamais l’équipement et l’expérience d’un professionnel.

L’expérience

On pourrait croire que l’on gagne de l’expérience en déménageant et en aménageant plusieurs fois des appartements et ou des véhicules dans sa vie. C’est en partie vrai. On ose utiliser du bois plus cher, on construit plus savamment, on planifie plus justement. Le défi va donc grandissant et avec lui les erreurs commises en cours d’exécution. On retourne donc à la case départ autant de fois à 20 ans qu’à 50.

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